jeudi 5 novembre 2009

Un complexe dans la peau (témoignage)

J'étais adolescente lorsque j'ai commencé à entendre mes premiers commentaires concernant ma poitrine: «Ouais, ça pousse pas vite!». Ma soeur quant à elle, jusqu'à l'âge adulte ne s'est jamais gênée pour me rappeler que mes vêtements ne m'allaient pas vraiment bien parce que je n'avais pas de seins. Être constamment entourée de mecs qui parlaient constamment de «gros tétons» n'aidait certainement pas ma cause. Ça n'a pas tardé avant que je commence à croire qu'il me manquait quelque chose d'important pour être séduisante.


À 21 ans, mon poids étant légèrement en dessous de mon poids d'aujourd'hui, je devais porter du 32 AA, taille que l'on retrouve principalement dans les boutiques destinées aux pré-adolescentes (et je ne raffolais pas particulière des petits lapins sur mes sous-vêtements...). Je me rappelle être rentrée chez moi un soir, après une journée intensive de magasinage, en pleurant parce qu'aucune des boutiques de lingerie que j'avais visité ne tenait ma taille.

J'étais démolie. À cause de ma petite poitrine, je n'avais pas le droit de porter de soutien-gorge, de lingerie sexy. Je n'étais pas féminine. Je n'étais pas une femme.

C'est la façon dont j'avais interprété l'évènement.

Je me rappelle à l'époque d'avoir juré à ma mère d'avoir recours aux implants mammaires aussitôt que mon budget me le permettrait.


Puis, j'ai vieilli, j'ai pris du poids, j'ai fini par atteindre un généreux 32 A (!) et j'ai rencontré quelques hommes qui m'ont vraiment fait sentir que j'étais quand même désirable mais que je devrais à tout prix changer mon attitude envers cette poitrine que je sentais toujours comme «manquante».

Aujourd'hui, à l'âge de 30 ans (34 A), je constate une prolifération de faux seins qui me donne la chair de poule. Il n'est pas facile de s'accepter telle que l'on est, quand il nous semble que tout autour nous laisse entendre qu'on est handicapée... Ma première bataille contre ce complexe, elle est contre moi-même, contre toutes les images, les insultes et fausses croyances dont j'ai été gavée.

L'autre bataille, elle est contre tous ceux qui tentent de me faire croire que je suis inadéquate, pas féminine, pas attirante (les magazines, les publicités des chirurgiens plastiques, l'industrie de la porno et certains gros machos!) mais avant de penser à les affronter, il faut d'abord se sentir assez en confiance.


Mon but, au cours des prochaines années, c'est d'arriver à éliminer complètement mon complexe. Apprendre à chérir ma poitrine comme un trésor plutôt que de la dénigrer. Arborer fièrement ma féminité sans souffrir du syndrome de l'imposteur.

La bataille sera dure... mais je suis prête.


Contribution de Marie-Eve, fondatrice de ce site web

1 commentaire:

  1. Pfff... ce texte est magnifique. J'ai vécu les mêmes sensations, émotions, rages, hontes, envies... c'est perturbant de voir exprimer par quelqu'un d'autre des sensations que l'on a vécu soi-même.

    Ce témoignage me touche beaucoup. La bataille est effectivement avant tout contre soi-même ! Beaucoup de personnes m'ont aidé à acquérir une certaine confiance en moi qui fait qu'actuellement (à 20 ans) je le vis relativement bien !

    Il est en effet très important de s'accepter tel que l'on est, sans chercher à se modeler un corps qui n'est pas le notre. On est tous unique, il faut juste mettre en valeur ce qui fait que l'on n'est pas comme tout le monde.

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